OPPOSITION !

 

          Opposition n. fém.

          1. Position de deux choses qui sont en face l'une de l'autre.

          2. Rapport de choses contraires ou de personnes qui s'affrontent. Opposition des sentiments. Être en opposition avec ses collègues.

           3. PHYS. Opposition de phase : décalage de deux signaux variant sinusoïdalement au cours du temps et dont l'un atteint son maximum à l'instant où l'autre est à son minimum. .

          4. Ensemble de personnes (spécialement, parti ou ensemble de partis) qui s'opposent au gouvernement. L'opposition espère remporter les élections. Opposition de gauche ou de droite.

                                       (Encyclopédie Hachette multimédia)

 

          Que peut-on penser de tout cela ? Prenons un exemple. Jojo et Bébert, qui sont cousins, sont opposé par le fait qu’ils veulent, chacun de leur côté, hériter de l’épicerie de leur grand père Mimi. On ne peut pas dire, ni de l’un, ni de l’autre, qu’ils soient bons ou mauvais, méchants ou gentils, non. Ils sont opposés. Quand l’un marque des points dans la course à l’obtention de l’héritage, l’autre en perd. Quand Jojo a pu satisfaire Mimi, il est évident que Bébert est dans l’opposition et réciproquement, quand Bébert reprend du poil de la bête c’est Jojo qui entre dans l’opposition. Ils sont effectivement en opposition. 

          Ce qui est vrai pour des individus isolés est vrai aussi pour des groupes de personnes. Par exemple, lorsque deux équipes de football se rencontrent pour disputer une quelconque coupe, il va de soi qu’elles sont parfaitement opposées l’une à l’autre et que chaque fois que les bleus marquent un but, les jaunes se sentent plus dans l’opposition. Inversement lorsque les jaunes reviennent à la marque, ce sont les bleus qui manifestent leur opposition.

          Vous avez remarqué que j’ai été très attentif dans le choix de mes couleurs parce que en France, il se trouve que si j’avais choisi les rouges ou les verts ou les roses, cela aurait eu une autre connotation que je souhaite, évidemment, fuir. Non, il ne s’agit que d’oppositions matérielles liées à des situations.

          Résumons donc en disant que des individus ou des groupes d’individus peuvent être en opposition les uns par rapport aux autres par le fait qu’il ont un intérêt commun, un but commun qu’ils poursuivent avec la même ardeur en utilisant, éventuellement, les mêmes coups retords  et avec les mêmes grandeurs d’âme selon les évènements.

          Il va de soi que, pour les partis politiques la situation est la même. Si les jaunes ont gagnés les élections, les bleus sont dans l’opposition et réciproquement, si les bleus sont au pouvoir, alors, ce sont les jaunes qui sont dans l’opposition. Il est entendu qu’il n’y a dans cette situation aucun sous-entendu moral. Les bleus et les jaunes veulent tous deux acquérir la direction de l’état on peut supposer pour jouir des avantages matériels que cela implique tant sous forme de privilèges ou de passe droit ou de possibilité de caser ses proches à des postes avantageux. Ceci est une opposition de groupes, de partis ou de clans. Comme l’avait dit un homme politique, il y a de cela déjà quelques décennies, c’est blanc bonnet et bonnet blanc. Là, le jeu consiste à convaincre les électeurs. Bien sûr, on va dénigrer le parti adverse pour ses travers et ses malversations en déclarant, haut et fort que, pour sa part, on est grand, beau, noble, pur, bon et généreux.

          Lorsque un parti est resté un certain temps au pouvoir, les gens s’en sont lassés. Ils ont compris que tout ce qu’ils avaient espéré leur a été refusé et, oubliant que les autres sont les mêmes, peu à peu, ils se persuadent que, l’opposition, ce serait tout à fait autre chose.

          On peut penser que ce système de va et vient et la similitude des partis en présence est favorisé par le système du bipartisme. En effet, comme je le disais précédemment, il y a les bleus d’un côté et les jaunes de l’autre et rien d’autre. Vous avez le choix entre les bleus et les jaunes. S’il y avait un nombre largement plus important de partis divers aucun ne pourrait accéder au pouvoir seul et serait obligé de passer des alliances et ces alliances ne pourraient être passées que sur des intentions communes avec un minimum de programme et de promesse de répartition des portefeuilles clef. A ce titre, il est à noter qu’un président de la République française d’un passé récent avait annoncé que son intention était précisément d’amener la France à un système de bipartisme tel qu’il existe en Angleterre ou aux Etats-Unis. Travaillistes ou Conservateurs d’un côté et Démocrates ou Républicains de l’autre. Pour chacun des partis, ce qui compte c’est de conquérir le pouvoir puis, éventuellement, de le garder.

          Dans le fond, c’est un peu comme l’opposition de deux bandes rivales qui s’opposent pour le contrôle et le racket des fleuristes d’un quartier. Elles ne sont ni meilleur ni pire l’une que l’autre.

          Pour ce faire, pourquoi voulez vous qu’ils aillent faire des promesses qu’ils savent très bien ne pas pouvoir tenir ? Ce serait là un moyen de scier par anticipation la branche sur laquelle on va s’asseoir. Donc, on prononce de grands discours le plus vagues possible se bornant essentiellement à dénigrer le projet ou l’administration de l’autre.

          Si l’une des deux équipes était franchement bonne et l’autre franchement mauvaise, comme ils le prétendent, depuis le temps, ça se saurait.

          Ceci est une opposition de personnes, de groupes, de clans, de partis, c’est une opposition partisane, c’est une opposition d’hommes.

          Pourrait-on imaginer qu’il en soit autrement ?

          Et si on concevait, au lieu d’une opposition de clans, une opposition de théories socio économico politiques ?

          Les uns pensant qu’il est bien de repeindre tous les immeubles en violet tandis que les autres sont persuadés que c’est mieux de les colorer en orangé. 

          Chaque parti va maintenant argumenter pour convaincre la population que son option est la meilleure. Dans ce cas, celui qui aura les arguments les plus proches des électeurs remportera les suffrages.

          Je ne sais pas si l’exemple choisi pour l’opposition théorique est le meilleur. Alors, disons, par exemple : Répartition des richesses, rôle de l’état dans l’équilibre économique, rôle du pays dans la collaboration avec les pays émergeants, impôts directs ou indirects, gestion des flux migratoires, tout cela ou statut quo. En voila des sujets sur lesquels on peut s’opposer ? S’opposer et proposer des solutions pratiques avec un calendrier de réalisation et un projet à atteindre dans la durée de la législature.

          Il y a eu un barbu, il y a un peu plus d’un siècle, qui disait (j’adapte un peu) : Il n’y a pas de mouvement du changement sans théorie du changement.

          Existe-t-il des partis de ce genre ?

          Bien sûr.

          C’est ça qu’on appelle les extrémistes. Les partis fonctionnant uniquement sur le système de clan en ont très peur. On traite les uns de fascho et les autres de bolcheviks. C’est sans doute, en partie, vrai mais eu, s’appuyant sur des conceptions philosophiques différentes veulent réellement changer les choses. Ont-ils tord ou raison ? Là n’est pas la question. Sont-ils honnêtes et sincères, je n’en sais rien. En revanche, ils existent. Les parti de clan n’ont rien à opposer à leurs théories (c’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnaît). Selon les cas, on les « diabolise » ou on les traite d’idéalistes utopiques. Bien sûr, les partis à support théorique sont inconciliables puisque leurs théories sont rigoureusement opposées.

          Il ressort de tout cela que nous avons une opposition entre les partis à base idéologique et ceux qui n’en n’ont pas (ceux que le général De Gaule appelait les partis de politique politicienne). Ces derniers se protègent des autres en lançant des cris d’effroi en prédisant à leur sujet l’aventurisme et l’apocalypse et ces partis de clan sont parfaitement unis pour lutter contre ceux qui, contrairement à eux, proposent des dispositions pratiques différentes. Les partis extrêmes sont donc rejeté dans la marginalité au nom de la peur et les partis de clan n’ont plus qu’à se chamailler pour savoir qui possèdera les manettes du pouvoir.

 

          Je sais, c’est un peu simpliste, comme ça. J’y reviendrai sans doute un de ces jours

 

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