ORGANISATION DE L’ORGANISATION.

 

Nous avons dit dans le précédent épisode que l’avenir et le bien être de l’humanité nécessitait un minimum d’organisation. Cette organisation doit porter vers deux directions : la réflexion et la diffusion. En définitive, il semblerait bien que les deux choses soient assez indissociables.

     Dans un premier temps, il suffirait que quelques individus se rencontrent, par-ci par-là, même virtuellement par le biais du NET. Ce serait comme des clubs ou des amicales de réflexion. Peut-être existent-ils déjà, mais justement, encore faudrait-il qu’ils soient connus et là, on se trouve de suite dans le versant de la diffusion. Il faudrait, ensuite, tendre vers une multiplication de ces molécules de base. Et quand je dis une multiplication, je parle à l’échelle planétaire. En effet, il faut bien reconnaître que les soucis quotidiens rencontrés par l’immense majorité des habitants de la terre sont, qualitativement comparables. Donc, la première tâche consisterait à créer ces « clubs » et à obtenir qu’ils se connaissent. Même, pour commencer, qu’ils se contentent de connaitre l’existence des autres. 

Aux siècles passés, cela aurait consisté à se retrouver à date fixe (le premier mardi de chaque mois, par exemple) chez l’un ou chez l’autre. Au vingt et unième siècle, et c’est une facilitation liée aux progrès technologiques, il suffirait de se donner le même rendez-vous sur un salon internet (ce que l’on appelle par un américanisme un « chat », c'est-à-dire en français un bavardage). Du coup, il ne serait même plus nécessaire d’habiter la même ville ou le même canton et l’on pourrait se rendre au salon sans même quitter ses pantoufles. De plus, l’internaute qui ne serait pas passionné par le sujet du jour de son salon habituel aurait toujours le loisir de se connecter pour une fois sur un autre. Je ne sais pas si vous mesurez très bien l’extrême puissance de ce système. Nos ancêtres du dix huitième siècle auraient piétiné de jubilation s’ils avaient eu un semblable outil !

Dans ces salons, de quoi parlerait-on ? De tout. Les sujets ne manquent pas : la fiscalité, les budgets publics, la justice, la sécurité et la police, la santé, l’enseignement, l’emploi et le chômage, la surpopulation, la répartition des richesses, le système électoral, la pollution, les gaspillages divers, etc. Le plus simple serait de parler, comme ça, à bâtons rompus, une idée en entraînant une autre. Ce serait le plus simple, mais aussi le plus inefficace. Il serait préférable de se centrer sur une idée ou un sujet, ou une question. La question pourrait être présentée par le ou les créateurs du salon mais aussi suggérées par les participants. Cependant, pour être le plus pertinent, il me semble que le sujet devrait être annoncé plusieurs jours à l’avance afin que ceux qui le souhaitent puissent y réfléchir préalablement. On en arriverait nécessairement à la situation où des gens apporteraient des productions anticipées sur lesquelles on pourrait s’appuyer pour débattre. 

En arrivant là, on sortirait du cadre d’un « chat ». En effet, le salon « bavardage » implique des réponses rapides et les textes longs ne sont pas utilisables. D’autre part, un salon de ce genre est, par essence, désordonné et ne peut pas avoir un président de séance qui donne la parole à l’un ou à l’autre. Du coup, surtout si le sujet est un peu passionné, cela devient rapidement la pagaille et tout un chacun parle dans son coin sans écouter personne.

Il existe un autre outil que l’on appelle les forums. On y gagne un peu plus d’ordre et l’on peu déposer des textes un peu plus longs. Hélas, en même temps, on y perd l’immédiateté et la spontanéité. Entre l’émission d’une idée et la réponse qu’elle reçoit, il peut se passer plusieurs jours. Est-ce si grave ? Je n’en sais rien. Autrefois, une réponse pouvait attendre plusieurs mois. Mais, nous devons bien reconnaître que nous vivons l’époque de la vitesse et du « temps réel ». 

         Vous voyez quand je vous dis que tout cela mérite un peu d’organisation… Hé, braves gens, il faudrait un peu vous y mettre ! Je ne vais quand même pas tout faire moi-même. Bien sûr ! Nous vivons dans une société dite de consommation. L’idée en est : je ne fais rien, je me contente d’ouvrir la bouche et on verse dedans des cuillerées de confiture. Et si la confiture, c’était nous qui la faisions ?

Quoi qu’il en soit, et quel que soit le procédé utilisé, si on en reste là, cela consiste à cracher dans l’eau. Il reste le deuxième volet : la diffusion. Nous touchons alors au troisième outil d’internet, les sites. Des sites, il en existe des millions. Pour très nombreux d’entre eux, ce n’est qu’une collection d’images émanant de gentilles petites adolescentes proclamant leur passion immodérée pour tel ou tel chanteur à la mode. Mais s’il y avait aussi des sites de propositions tant théoriques que pratiques dans la gestion du monde, ce ne serait peut-être pas inutile. Les individus ou groupes d’individus créateurs de ces sites n’auraient qu’à collationner des passages phares dans les « chats » ou « forum » et les éditer de façon facile à retrouver. Le journal papier est moribond. Certains quotidiens traditionnels ne s’y sont, du reste, pas trompés ; ils publient, chaque jour une version électronique. Ce que je propose ne serait, dans le fond, qu’une réinvention moderne de ce qui fut la presse écrite, à ce détail près que la presse papier coute horriblement cher et que la diffusion informatique est quasi gratuite.

Il ne resterait alors aux individus que le soin de prendre leur bâton de pèlerin pour signaler, via les réseaux sociaux, l’existence de tel ou tel site à leurs amis, leurs proches et leurs relations.

Vous la voyez, vous, la gifle aux systèmes en place ? Aux consensualismes capitulateurs ? Aux attentismes béats et aux conformismes conservateurs ?

Il y a encore une chose qui me tracasse. J’œuvre comme je peux, de toutes mes forces et avec toute ma volonté, tout seul, tout petit dans mon coin. Pourtant, dans le vaste monde, ne serait-ce que statistiquement, je n’arrive pas à me persuader qu’il n’y en a pas quelques autres qui pensent un peu comme moi. Seulement voila, peut-être écrivent-ils en urdu ou en serbo-croate. Je sais, la francophonie, c’est déjà vaste, mais les autres ? A un moment, l’idée de traduire devrait s’imposer.

L’organisation des populations devrait être mondiale.

Au passage, je vous signale une chose surprenante. Des gens, qui par le passé se présentaient comme les chantres de l’internationalisme, militent désormais pour un repli à l’intérieur de leur frontières. Ils refusent une idée européenne. Ils contemplent avec béatitude, en rejetant avec effroi tout ce qui en est extérieur, leur propre nombril. Au lieu de s’écrier avec enthousiasme : vous la voulez la mondialisation ? Alors, ça tombe bien parce que c’est ce que nous réclamions depuis plus d’un siècle. 

Vous voulez la votre, celle des trusts et des capitaux ? Et bien allez-y ! N’hésitez pas. Et nous nous ferons la nôtre : celle des peuples. Et nous dirons comme par le passé : « prolétaires de tous les pays, unissez-vous ». Et biens non. Au lieu de ça, ils préfèrent se recroqueviller dans leur appartement anonyme perdu au milieu d’une cité tentaculaire en refusant de savoir ce qui se passe dans le bâtiment d’à côté.

Vous voyez que quand je vous dis qu’un minimum d’organisation ne serait pas pour nuire à la population mondiale.

Et puis, qu’on le veuille ou qu’on ne le veuille pas, une organisation, il y en a nécessairement une. Il y en a une, mais ce n’est pas celle dont les populations ont besoin. Il y a celle qui est au service des milliardaires afin qu’ils le soient de plus en plus, milliardaires, et ceci au détriment des populations. Parce que, ne vous y trompez pas, le monde comme il est fait, ce n’est pas un fruit du hasard. 

C’est parfaitement conscient, intelligent et organisé. Les tenants du pouvoir, eux, sont organisés. Leur organisation a pour mission d’empêcher les populations de s’organiser. C’est l’organisation de la non organisation. Et il faut reconnaître que c’est très efficace. Si, si ! C’est très efficace puisqu’il faut bien constater qu’en face de cela, les populations mondiales ne s’organisent pas.

Quelles sont donc les étapes de l’organisation ?

D’abord échanger avec les autres. Puis verbaliser les résultats. Mettre tout cela au clair. Rédiger des projets et des revendications. Diffuser le plus largement possible les intentions et les projets. Ne nous y trompons pas. Les projets les plus incohérents et les plus fallacieux ne seront pas retenus par la majorité et ils le seront d’autant moins que cette majorité rayonnera sur une masse d’individus plus grande. Les absurdités ne peuvent convaincre que d’infimes minorités. Il faut que les idées nouvelles atteignent le plus de monde possible.

La question qui doit être posée en toutes circonstances est : Quel est l’intérêt des populations. Comme je vous le disais dans la réflexion que j’appelle « l’erreur fondamentale », lorsque dans tous les domaines de la vie en société humaine, au lieu de s’inquiéter sur les désirs des grandes compagnies financières, on aura répondu à l’interrogation : quel est l’intérêt de la population ? Une grande étape aura été franchie dans l’émancipation de l’homme.

Lorsque les gens sauront clairement ce qu’ils attendent de la société et comment ils envisagent de le réaliser, il deviendra naturel que se constitue une chose que l’on pourra qualifier de groupe, de parti politique, ou d’organisation qui souhaitera mettre en pratique ce qui est désiré par la population et devra l’émanciper de ses servitudes. Alors, et seulement alors, une élection d’ampleur nationale voire internationale pourra acquérir une valeur humaine et universelle.

Avant de conclure, je voudrais encore ajouter une remarque. Il va de soi qu’au vingt et unième siècle, on ne peut plus vivre en autarcie. Les besoins technologiques sont si vastes et si nombreux (notamment en médecine)  qu’une collaboration d’une grande population est nécessaire. Au moyen âge, une petite principauté pouvait exister coupée du monde extérieur. Ceci n’est plus possible. Déjà au dix neuvième siècle, les communistes considéraient que la révolution serait mondiale ou elle ne serait pas. Ils avaient déjà cette constatation que l’ensemble des autres états ligués contre un état révolutionnaire n’auraient pas de mal à l’écraser militairement et économiquement. Ceci est toujours vrai ou à peu près vrai. Il va de soi que la principauté d’Andorre en opposition avec le reste du monde aurait un temps de survie de quelques semaines voire moins. En revanche, il me semble que de grands états vaste, peuplés, bien fournis en richesses naturelles pourrait espérer survivre plus longtemps. Disant cela, je pense à des états comme l’Union européenne, la Chine, les Etats Unis d’Amérique, la Russie, l’Inde et aussi le Canada, le Brésil et sans doute quelques autres. Ils y parviendraient d’autant plus facilement que dans le reste du monde ils auraient une partie importante de la population capable de les soutenir. En revanche, ils n’auraient pas droit à l’erreur, étant l’exemple à suivre. Or un exemple qui se trompe de voie et trompe la population, cela conduit irrévocablement à une catastrophe à la soviétique.

En même temps, je comprends bien qu’on ne peut pas imaginer que la modification de la société mondiale se produira un mardi à quatorze heure douze pour la totalité de la planète. Il faudra donc nécessairement avoir une période transitoire un peu trouble à laquelle il faudra réfléchir et se préparer. En revanche, si l’exemple est probant, il va de soi qu’il ne peut être que suivi.

Voila, braves gens. Voila plusieurs années que je vous abreuve de textes descriptifs et critiques de ce qui nous entoure. Je vais donc maintenant, et pour faire gagner du temps à la réflexion, que je pense nécessaire, en lui proposant des bases de départ, vous exposer comment j’imagine une organisation sociale plus humaine et surtout plus humaniste.

Ce qu’il adviendra de cela, je n’en sais rien. Dans le fond, peut-être suis-je un âne. C’est possible. Cependant, vous m’accorderez que même si je suis un âne, je suis un âne généreux. Au moins, j’aurai fait ce que j’aurai pu.

Commentaires: 4
  • #4

    Quinones michel (dimanche, 15 décembre 2019 17:48)

    Je vous donne toutes raisons. Ne d'espérer pas.toutes choses en sont temps.

    Cordialement

  • #3

    Thilloy (vendredi, 17 mai 2019 16:27)

    lors d'un incendie le colibris jette sur le feu une petite goutte d'eau et les autres animaux se moquent de lui ,mais que crois tu pouvoir faire avec ta petite goutte d'eau ! bah moi au moins j'ai fais ma part du travail à vous de faire le reste .
    très bon texte pédagogique je souhaite que cela prenne dans l'esprit de ceux qui le lisent .

  • #2

    Serge PETITDEMANGE (mardi, 24 novembre 2015 12:11)

    Excellent.

    De l'ensemble, je retiens ceci :
    "La question qui doit être posée en toutes circonstances est : Quel est l’intérêt des populations. Comme je vous le disais dans la réflexion que j’appelle « l’erreur fondamentale », lorsque dans tous les domaines de la vie en société humaine, au lieu de s’inquiéter sur les désirs des grandes compagnies financières, on aura répondu à l’interrogation : quel est l’intérêt de la population ? Une grande étape aura été franchie dans l’émancipation de l’homme".
    -
    Nous avons, depuis une dizaine d'années, mis au point une stratégie d'ordre socio/judiciaire, sécuritaire et politico/budgétaire.
    Ce texte, protégé par un copyright, qui se résume en trois actions salvatrices à mener, appliqué si nous avons le Pouvoir, remet "l'Homme" à la place qui est la sienne (malheureusement par la force, puisque la dictature est vicieusement instaurée en France), au sein d'une société renouvelée, régénérée.
    Il est parfaitement possible, plausible encore aujourd'hui, que la France montre au Monde civilisé, démocratique, la voie à suivre.
    Serge PETITDEMANGE
    Président fondateur de
    RENAISSANCE de la
    RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

  • #1

    Robert Longrée (mardi, 24 novembre 2015 09:23)

    Je viens de lire. Deux fois. Et bien, en s'inspirant du grand Jacques Brel, " Non Jean, t'es pas tout seul".
    Et puis ce n'est pas parce qu'on est seul à penser quelque chose qu'on a nécessairement tort vis à vis du reste de l'humanité.
    Alors, si on s'y mettait ?

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