Sur les falaises de Scandie,
Le ciel est pâle.
Bleu,
Bleu pâle,
Bleu du bleu qui n'ose
Etre bleu.
Et des fibres diaphanes et diluées, Bourgeonnantes d'altitude infinie
Nuagent, infinies, en d'infinies
Immobilités.
Ici l'océan.
De l'autre côté, les monts
Montueux de Scandie montueuse.
Silence sonnant.
Silence ébloui
De jour rayonnant
En attendant l'oubli.
La terre flavesce comme elle peut,
Incapable de brandir encore
Les ombres purpurines
Des parfums d'ichor,
Du fond du septentrion,
Montent et croissent
Les doigts victorieux
D'oies cendrées.
Le doigt d'oie cendrée
Doit cendrer le firmament
Bleu.
Bleu cendré d'oies,
Oies en flèches de doigts
D'oies
Ou de pattes de flèches
En patte d'oie.
Et la flèche d'oies
Flèche le ciel bleu
Vers là-bas.
Suivez !
Suivez la flèche
Des oies que doit cendrer le ciel bleu ;
Bleu de flèches,
Bleu de doigts
Tout froids ;
Bleu d'oies cendrées
Dont 1a cendre bleue
Choit.
Les oies agitent leurs ailes
En ébat de plumes et de doigts
Pour que la cendre cendrée
Descende dans les eaux.
Et les ailes de flèches,
Et la flèche des ailes se débat ;
Et la cendre ne tombe pas.
Elle ne tombe pas
Des oies,
Comme on le croit,
Mais de l'azur coi.
Oui de l'azur coi, quoi.
Sur les oies.
Les oies bleues du ciel cendré,
Sagittale cendrée digitale
De vol d'oies.
Le méridion s'enflamme pauvrement
Et la flavescence flavesce
De toute sa flaviscité.
Alors, la boréale s'enfonce
Du céladon à l'indigo abscons.
Le levant se couche par le fond,
Et le ponant s'enivre
De toujours plus purpurin
Purpurin.
Purpurin parme,
Parme azuréen,
Azuréen céladon,
Céladon flavescent.
Et au dessus de tout ça,
Les ailes cendrées de flèches,
Les ailes de flèches cendrées d'oies
Battent, cadencées,
L'air marmoréen,
Tout droit vers l'endroit fléché :
Fléché de cendre d'oie,
Fléché d'oies cendrées,
Cendré de flèches d'oies,
Cendré d'oies en flèches.
Oisé de flèches de cendre,
Oisé de cendre de flèches,
Vers la flavescence purpurine
D'un plus loin inassouvi.
10/12/96
2014
Edition Mélibée
392 pages
Pour Jean Durier-Le Roux, lors de son activité professionnelle, le plus grand moment de plaisir jubilatoire quotidien, c'était la cantine. Là, avec une demi-douzaine de galapiats de son espèce, il refaisait le monde. Et puis, la retraite est arrivée : plus de débats dialectiques passionnés. Alors, en toute humilité, il a décidé d'écrire ce qu'il aurait pu défendre véhémentement. Un nouveau problème s'est présenté. Jean Durier-Le Roux s'est souvenu du devoir de philosophie inhérent à la classe de terminale : « Peut-on penser par soi-même ». Il essaie. Ça, pour essayer, il essaie. Même, parfois, il a l'impression d'y arriver... Et là, son narcissisme s'en trouve revalorisé. De quoi se préoccupe-t-il ? A priori de n'importe quoi. Toutefois, il faut bien l'avouer, les sujets liés à la situation sociopolitique reviennent de façon récurrente. Est-ce à regretter ? Aristote, dans le premier chapitre de l'Éthique à Nicomaque, montre que le plus haut niveau de réflexion philosophique que l'on puisse avoir est celui qui concerne le politique. Alors, si c'est Aristote qui le dit...