Au bord d'un matin rose ou le long d'un couchant,

Le port sera empli de regards affichant

Notre humeur onirique ; et nos pas éveillés,

Nonchalance accomplie, glissant émerveillés

Sur la chaleur ouatée, nous porteront magiques

Au quai d'embarquement vers le navire unique

Caché dans la forêt de vergues coutumières

Les grandes mâtures noyées dans la lumière.

 

Humés par un instinct que nul n'a désigné,

Nous marcherons heureux d'y être résignés

Parmi les ballots, les colis et la foule,

La foule de nous deux, feston qui se déroule

Et va se répétant, ribambelle éblouie

Par celui qui, là-bas, pour l'île réjouie,

Tend déjà ses antennes, ramures familières,

Les grandes mâtures noyées dans la lumière.

 

L'air est doré, aussi les pavés, les façades.

Les magasins cossus, comme pour la parade,

Irradient la douceur d'une tiédeur sucrée.

Tandis que la houle meurt en éclat diapré,

Les vaisseaux resserrés en désordre savant

Mêlent, en contre jour, leurs longs filins mouvants,

Leurs toiles alanguies où se dressent, derrière,

Les grandes mâtures noyées dans 1a lumière.

 

Allons, partons, marchons où le rêve nous porte.

Le soleil qui s'enflamme avec lui nous emporte.

Soyons guidés, là-bas, vers nos visions premières,

Les grandes mâtures noyées dans la lumière.

 

                                       14/10/36

 

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