C’était en l’an de grâce mil trois cents,

Dans le quinzième jour de la Novembre,

Jeannot, au clair du soleil décroissant,

Epousa Charlotte au visage d’ambre.

 

Mal leur en prit, en des ennuis sans nombre.

Les deux étaient serfs de fiefs éloignés.

C’était interdit en ces âges sombres.

Aux lois des seigneurs, ils sont assignés.

 

Dans mille tourments, sans autre raison,

Charlotte fut enchaînée par des reîtres.

Jeannot, arrêté, tomba en prison

Pendant qu’on rendait la belle à ses maîtres.

 

              Cruelles destinées

              Affreuse époque obscure

              Les vies fuyaient gâtées

              Par tant de larmes dures.

 

Petit matin de mil neuf cent cinquante,

En mi Novembre au soleil flamboyant,

Charlotte et Jeannot, contre toute attente,

Se sont mariés d’espoir rayonnant.

 

Erreur ! Oh erreur et tous ses ravages.

L’un vient d’orient, l’autre est occidental.

Taxés de trahison et d’espionnage,

Ils sont rappelés à l’ordre brutal.

 

Placés sous contrôle judiciaire,

L’un est suspect en toute occupation,

L’autre exilé dans des camps de misère

D’internement en rééducation.

 

              Cruelles destinées

              Affreuse époque obscure

              Les vies fuyaient gâtées

              Par tant de larmes dures.

 

L’an deux mille ô siècle vingt et unième ;

Charlotte et Jean d’un geste d’amour

Se sont mariés en espoir suprême ;

En Novembre dans le quinzième jour.

 

Peut-on tolérer telle transgression ?

Lui Européen et elle Africaine,

Cela dépasse toute subversion.

Etalons en bien toute notre haine.

 

Malgré toutes lois, qu’ils soient rejetés !

En ce siècle que la lumière enivre,

Sans aucun travail, privez les des santé !

Confisquez leur le simple droit de vivre !

 

              Trop douce destinée,

              Bonté que l’on adore,

              Les jours glissent choyés.

              Continuez encore !

 

28 11 03

 

 

Commentaires: 0
Télécharger
10 C'était en l'an de grace.doc
Document Microsoft Word 26.0 KB