Sous les cailloux éparpillés,

Bien abrités, bien repliés,

Là où la décomposition

Achève et parfait sa mission,

A l'ombre des planches souillées

Au fond des souches oubliées

Ils dorment.  Il faut qu'on les exhorte

Car ainsi vivent les cloportes.

 

Loin de leur nuit tout est perdu.

Roses ou gris, ils sont dodus.

La terre humide de leur lit

Est grasse et fraîche et on y lit

Les lents déplacements fautifs

Dans des sillons froids et furtifs.

Ils restent là en pensée morte

Car ainsi vivent les cloportes.

 

Et puis voilà qu'ils sont en boule,

Et puis voilà qu'ils se déroulent.

Ils viennent, vont, ils font des bulles,

Ils se démènent déambulent

Qu'y a t-il dans leur tête folle ?

Vont-ils sortir les banderoles ?

La fureur aigre les transporte

Car ainsi vivent les cloportes.

 

Princes, si la frayeur vous gagne,

Soyez sans crainte on vous épargne

Chez eux point de larges cohortes

Car ainsi vivent les cloportes.

 

05 04 95

 

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